Le fantasme des Spurs hyper compétitifs dès la deuxième saison de Victor Wembanyama (2024)

Victor Wembanyama a marqué les esprits pour ses débuts dans la ligue. Le Français a réalisé une saison rookie qui peut être qualifiée d’historique avec ses 21,4 points, 10,6 rebonds, 3,9 passes et 3,6 blocks de moyenne. Sa progression mois après mois et la montée en puissance – relative à leur première moitié de saison catastrophique sur le plan des résultats – des San Antonio Spurs lors des dernières semaines de la saison laisse entrevoir l’espoir d’une deuxième année très excitante en NBA.

L’impression visuelle est telle qu’elle en fait oublier que la franchise texane n’a finalement gagné que 22 matches, soit le même total que l’exercice précédent et ce malgré l’arrivée du jeune phénomène. Malgré ça, nombreux sont ceux parmi les fans et les journalistes à réclamer une accélération du projet de reconstruction des Spurs sous prétexte que Wembanyama serait déjà prêt à côtoyer les plus grands au sommet de la chaîne alimentaire.

Les dirigeants de San Antonio seraient du même avis à en croire Jonathan Givony, spécialiste draft pour ESPN:

«Je n’arrête pas d’entendre qu’ils veulent être compétitifs l’an prochain, ils veulent jouer les playoffs. Ils ne veulent pas d’un processus de 2 ou 3 ans et être à nouveau dans la loterie l’an prochain. Je pense qu’ils vont être agressifs avec leur quatrième et huitième choix», confie-t-il avant d’ajouter que «tous les free agents, tous les arrières vétérans veulent jouer avec Victor.»

Les Spurs disposent effectivement des quatrièmes et huitièmes choix de la prochaine draft, une cuvée moins excitante que la précédente. Ils possèdent aussi leurs futurs picks et des jeunes joueurs qui pourraient intéresser certaines franchises comme Keldon Johnson, Tre Jones ou Jeremy Sochan. Personne ne serait intouchable au sein de l’effectif sauf Devin Vassell et évidemment Victor Wembanyama selon Givony.

En montant un package incluant des tours de draft et des basketteurs prometteurs, le front office aurait effectivement de quoi se positionner sur un All-Star. Trae Young est un nom qui revient souvent dans les rumeurs, sans que ça fasse forcément sens. Dejounte Murray a déjà été cité, Brandon Ingram est susceptible d’être disponible cet été, etc.

Il faut comprendre qu’acquérir un tel joueur laisserait San Antonio avec nettement moins de marge de manœuvre dans le futur. Un effectif avec Young, Wembanyama, Vassell et quelques vétérans signés pendant l’intersaison (à prix forts pour les convaincre de jouer à San Antonio) paraît encore trop limité pour vraiment rivaliser à l’Ouest, où la concurrence est extrêmement féroce. Oui, les Spurs pourraient peut-être viser les playoffs – et encore, il faudrait être costaud avec une deuxième saison bouillante de leur sophom*ore. Mais en réduisant sérieusem*nt leur flexibilité pour la suite.

Il faut aussi comprendre que Givony bosse pour ESPN, la chaîne qui retransmet la draft. C’est dans son intérêt, enfin surtout celui de ses employeurs, que l’événement suscite l’intrigue et l’excitation au-delà des prospects qui ne font pas forcément rêver le public. Attention, il y a de nombreux joueurs solides dans cette promotion, qui n’est probablement pas aussi faible qu’annoncée, mais pas de future superstar a priori et surtout plusieurs Européens aux premières places, toujours un peu particulier pour les fans américains. Il faut vendre des pubs et créer de l’audience, faire monter l’engouement. En se concentrant donc sur d’autres scénarios.

Ça ne veut pas dire que ce qu’il rapporte est nécessairement faux. Mais l’interprétation peut être erronée. Que les Spurs veulent être compétitifs ne signifie pas forcément qu’ils chercheront absolument à faire venir une star ou qu’ils effectueront plusieurs changements dans le groupe. Ça peut être l’ajout de vétérans de seconde zone, des joueurs de devoir très solides par exemple, pour passer un cap sans pour autant taper trop directement dans le trésor de guerre – picks et jeunes – de l’organisation.

Victor Wembanyama va sans doute devenir un très grand joueur mais la deuxième saison est souvent plus difficile que la première et même ses propres performances doivent être remises dans le contexte d’une équipe qui a perdu 60 matches. Il y a encore plusieurs paliers à franchir avant de rejoindre ne serait-ce que la sixième place de la Conférence Ouest. On peut imaginer que, s’il continue sa progression naturelle, avec donc son rythme d’évolution qui paraît extrêmement rapide, les éperons pourront éventuellement se mêler à la lutte au play-in et se rapprocher des 35-40 victoires sans tout raser dans le roster.

C’est logique que les Spurs n’aient plus envie de piocher dans la loterie après cette saison. Surtout s’ils conservent les picks de cette année, ils auront alors suffisamment de jeunes pour bâtir un noyau dur très intéressant pour la suite. Imaginez par exemple un groupe avec Wembanyama, Vassell, Johnson, Jones, Sochan, Stephon Castle et Nikola Topic ou Tidjane Salaun. Il y aurait de quoi construire. Surtout qu’il est encore difficile de savoir lesquels d’entre eux vont vraiment «fit» avec le géant natif du Chesnay.

C’est même ce qui rend l’hypothèse d’un trade massif un peu dérisoire: San Antonio prendrait donc le risque de faire venir une superstar comme Young par exemple, sans savoir si ça va marcher avec Wembanyama et en transférant des jeunes qui n’ont pas été testés ou alors seulement quelques mois avec le type chargé d’être le nouveau visage de la franchise?

La simple présence du Français assure presque à San Antonio de revenir rapidement compétitif. Et à ce moment-là, les dirigeants auront besoin de picks pour réaliser quelques trades à la marge. Les fameux transferts qui changent une équipe. Aaron Gordon aux Denver Nuggets. PJ Washington et Daniel Gafford aux Dallas Mavericks. Derrick White, Kristaps Porzingis et Jrue Holiday aux Boston Celtics. Le même Holiday aux Milwaukee Bucks en 2021. Autant d’échanges cruciaux qui ont nécessité d’avoir des tours de draft à refourguer pour aller chercher le joueur de complément parfait autour de la superstar.

Bref, on ne le répétera peut-être jamais assez mai les Spurs ont encore du temps. Ou au moins un peu de temps. C’est vrai que tout va de plus en plus vite et que les jeunes talents prennent le pouvoir de plus en plus tôt. Anthony Edwards a mené les Minnesota Timberwolves en finales de Conférence à 22 ans… mais tout de même quatre ans après sa draft. Il n’a pas joué les playoffs lors de ses deux premières saisons. LeBron James et Kevin Durant n’ont plus à leur époque. Victor Wembanyama a l’air bien plus patient que ce que les médias US le pensent. C’est un processus qui va bientôt s’accélérer à vitesse grand V (comme Victor)… mais pas encore dès 2025.